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Damien Pallant, directeur général adjoint Sécurité du Groupe

Sponsor de l’édition 2019 du programme Intrapreneuriat au Féminin

Publié le 06/03/2019 à 0:00

 

 

La seconde édition du programme d’intrapreneuriat de SNCF au Féminin a pour thématique la sécurité des collaborateurs et collaboratrices… Et, en toute logique, pour sponsor Damien Pallant, DGA Sécurité du Groupe. Nous l’avons interrogé sur les enjeux de sécurité dans notre entreprise, sur sa vision de l’intrapreneuriat et sur son rôle de sponsor.

 

Pouvez-vous nous exposer ce que sont les grands enjeux en matière de sécurité des collaborateurs et collaboratrices du Groupe SNCF ?

Nous avons deux grands enjeux :

  • L’amélioration du niveau de sécurité au travail
  • La capacité à mieux prendre en compte le facteur humain et notamment en mettant en place des boucles de rattrapage techniques quand nous atteignons les limites de la fiabilité humaine.

Il s’agit de renouveler les paradigmes en termes de sécurité, dans une entreprise construite sur un grand historique de traditions mariant l’excellence dans la réalisation à la pénibilité de l’exécution.
Cette culture fait que l’erreur est ressentie comme une faute, une atteinte à la fierté professionnelle, une mise en cause douloureuse de la compétence, une défaillance. Mais l’erreur est humaine. Parce que nos agents sont de très bons professionnels, compétents, consciencieux, responsables, ils sont susceptibles de faire des erreurs. Il nous faut sortir de la culture du héros qui est en soi, facteur d’augmentation des risques.

 

La féminisation des équipes est-elle une voie pour sortir de cette culture du héros ?

C’est une piste parmi d’autres. La mixité apporte une diversité de points de vue : c’est par le croisement des regards que l’on fait évoluer une culture.
Je pense que, par construction sociale, les femmes entretiennent un autre rapport à l’erreur que les hommes : elles sont moins dans le défi personnel, elles témoignent d’une plus grande liberté de parole vis-à-vis de leur propre faillibilité, elles ont un regard plus lucide sur les situations à risque… Et on constate que face à l’erreur, elles font plus souvent face sans s’effondrer.
Mais au-delà des qualités que l’on pourrait spécifiquement attribuer aux femmes, j’insiste sur l’importance pour la sécurité d’une plus grande diversité dans les équipes.

 

Comment le partenariat de votre direction avec le programme d’intrapreneuriat au Féminin du réseau s’est-il décidé ?

J’ai rencontré Francesca Aceto en 2016 et très rapidement, nous avons échangé sur ces problématiques de mixité dans la sécurité. En 2017, nous lancions un Groupe Expert Sécurité au Féminin. Après toute une période de réflexions et co-construction, nous avons identifié une douzaine d’initiatives intéressantes pour l’entreprise. Il fallait approfondir, se donner les moyens de développer des solutions. Le programme d’intrapreneuriat s’est imposé comme le cadre idéal pour cela. Alors, nous avons retenu deux projets prioritaires : « la libération de la parole » et la « valisette sécurité ».

Comment voyez-vous votre rôle de sponsor de cette édition du programme Intrapreneuriat au Féminin dédié à la sécurité ?
Mon rôle est double :

  • Guider les intrapreneures si elles sont en questionnement sur des orientations à prendre à un moment du développement de leur projet. Il ne s’agit pas de leur donner des feux verts, je ne suis pas là pour valider leurs idées, mais plutôt de leur indiquer des zones rouges pour leur éviter de perdre du temps en explorant dans des directions qui seraient des impasses.
  • Les conseiller et les recommander auprès de personnes internes ou externes à l’entreprise qu’il serait pertinent de consulter pour enrichir leur réflexion, pour nourrir leur créativité. Ce peut être aussi leur proposer des lectures inspirantes pour élargir leur vision des questions de sécurité.

 

Quelles lectures inspirantes pourriez-vous recommander à toute la communauté SNCF au Féminin pour prendre du champ sur le thème de la sécurité ?

Les publications de la Fondation pour une Culture de la Société Industrielle (FONCSI) sont très instructives (ndlr : il y en a pour tous les goûts : des livres blancs, des tribunes, et même de la bande dessinée !). Je recommande aussi chaudement le livre de référence d’Ulrich Beck, La société du risque : Sur la voie d’une autre modernité. Cet ouvrage est particulièrement pertinent pour penser la différence entre risque et perception du risque et s’éclairer sur le niveau de tolérance des sociétés aux failles de sécurité. Le risque et la sécurité ne sont pas des thématiques abordables seulement par l’angle technique et cartésien, il s’y joue aussi une foule d’émotions individuelles et collectives, de représentations de soi dans le monde, de référents culturels…